Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/121

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de la cire, avec des rougeurs mates aux joues ; ses lèvres pâles, ses paupières molles & bistrées donnent à sa face un air d’enfant malade & résigné. Elle a quinze ans, &, par instants, lorsqu’elle sourit, on lui en donnerait à peine douze.

Tandis que Jacques me parlait de sa voix lente, je ne pouvais détacher mes regards de ce visage poignant, si jeune & si éteint. Il y avait sur ce front candide une lassitude, une langueur profondes ; le sang ne coulait plus sous la peau ; les frissons de la vie ne faisaient plus frémir cette chair endormie. N’avez-vous jamais vu, dans son berceau, une petite fille que la fièvre a rendue plus blanche, plus innocente encore ? elle dort, les yeux grands ouverts, elle a un visage d’ange, doux & reposé, elle souffre, & elle paraît sourire. L’étrange petite fille que j’avais devant moi, cette femme qui était restée enfant, ressemblait à ses sœurs au berceau. Seulement, ici, c’était pitié plus grande à voir