Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/123

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Jacques m’a paru satisfait de l’existence qu’il mène. Il travaille, il règle ses plaisirs & ses études, il vit la vie d’étudiant, sans impatience, même avec une certaine complaisance tranquille. J’ai remarqué qu’il mettait quelque orgueil à me recevoir dans une si belle chambre ; il ne voit pas toute l’ignoble laideur de ce luxe de mauvais lieu. D’ailleurs, ce n’est ni un vaniteux ni un fat ; il est bien trop pratique pour avoir de pareils défauts. Il ne m’a parlé que de ses espérances, de sa position future ; il a hâte de n’être plus jeune & de vivre en homme grave. En attendant, pour faire comme tout le monde, il consent à habiter une chambre de cinquante francs par mois, il veut bien fumer, boire un peu, même avoir une maîtresse. Mais il considère tout cela comme une mode qu’il ne peut refuser ; il entend, dès le dernier examen, se débarrasser de son cigare, de Marie & de son verre, comme de meubles désormais inutiles. Il calcule, à une minute près, l’heure