Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/130

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

a abordé Jacques, lui demandant son bras parce qu’il faisait noir & que le pavé était glissant. Elle n’avait sans doute pas la moindre mauvaise pensée. Jacques la questionna ; au lieu de la conduire route d’Orléans, il la mena chez lui. Elle le laissa faire, toujours calme. Elle n’aurait peut-être pas quêté un lit, elle songeait à la paille du grenier, mais elle acceptait les draps blancs qui lui venaient, sans joie ni répugnance. Depuis ce jour, elle a vécu le plus possible sur le canapé.

J’ai cru comprendre que, dans sa pensée, Jacques avait fait une bonne acquisition en prenant Marie. Puisqu’il lui fallait une maîtresse, c’était là celle qui lui convenait : une nature affaiblie & calme qui ne le troublait pas dans son indifférence, une fille insouciante dont il se débarrasserait aisément, une femme charmante dans sa pâleur, qui avait toute la grâce de la jeunesse sans en avoir les caprices ni les inconséquences. D’ailleurs, Marie, souf-