Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/129

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hôtel. Il lui plaisait de vivre oisive, à regarder les murs ; la souffrance qui la courbait déjà, lui faisait aimer le repos, une sorte de rêverie vague, au sortir de laquelle elle paraissait inquiète & agitée. Lorsqu’on l’interrogeait, lui demandant ce qu’elle avait vu, elle répondait, d’un ton effaré : « Je ne sais pas ! »

Elle avait vécu ainsi près d’un an, courant les hôtels garnis, couchant ici & là, sans rien perdre de sa sérénité. Comme je lui montrais quelque surprise, & que je ne pouvais vaincre tout le dégoût que m’inspirait une pareille existence, elle est demeurée étonnée, ne me comprenant pas.

Un soir, la misère était revenue. Marie allait regagner le grenier de la barrière Fontainebleau, lorsqu’elle avait rencontré Jacques. Elle m’a conté cette rencontre d’une voix que je n’oublierai jamais, avec des regards immobiles dans les yeux & des rires bruyants sur les lèvres. C’est elle qui