Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/134

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les carreaux & sur les murs. J’ai une sensation de bien-être à sentir la chaleur tiède des vêtements que j’entasse sur le lit. Laurence dort à mon côté d’un sommeil de plomb, la face renversée & muette. Moi, les yeux ouverts, le drap au menton, je regarde le plafond noir que traverse une longue crevasse. Je tombe en extase devant cette crevasse ; je l’étudie, j’en suis amoureusement, du regard, les lignes brisées ; je la contemple des heures entières, sans songer à rien.

C’est là le meilleur instant de la journée. J’ai chaud & je dors à moitié. La chair est contente, l’esprit court mollement dans ce beau pays du demi-sommeil, où la vie a toutes les voluptés de la mort. Puis parfois, lorsque je suis complètement éveillé, je m’abandonne au bras de quelque songe. Frères, que mon pauvre cœur doit être enfant, pour que je puisse encore lui mentir ! Eh ! oui, je rêve toujours, j’ai toujours cette puissance étrange d’échapper à la