Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/135

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réalité, de créer, de toutes pièces, un monde & des êtres meilleurs. Là, entre deux draps sales, au côté d’une femme laide & honteuse dans son écrasement, au milieu d’une chambre obscure, je vois souvent de mes yeux un palais, tout marbre & tout argent, une amante blanche, lumineuse, qui me tend les bras, m’appelle à sa droite sur la couche de soie où elle repose.

Onze heures sonnent, je saute du lit. Le froid humide des carreaux, qui me glace brusquement la plante des pieds, me tire de mon rêve. Je me sens grelotter, je me couvre à la hâte. Puis je marche dans la chambre, allant de la fenêtre à la porte, jetant un coup d’œil sur la muraille qui est tout mon horizon, & revenant regarder Laurence sans la voir. Je fume, je bâille, j’essaie de lire. J’ai froid & je m’ennuie.

Laurence s’éveille. Alors, commencent les souffrances. Il faut manger. Nous tenons conseil. Nous cherchons par la