Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/136

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chambre quelque objet à vendre. Souvent nous renonçons à déjeuner, quand le problème est trop difficile à résoudre, & tout est dit. Lorsque nous avons trouvé un vieux chiffon, du papier, n’importe quoi, Laurence s’habille & va offrir la déplorable marchandise à un revendeur qui lui donne huit ou dix sous. Elle rapporte du pain & un peu de charcuterie que nous mangeons debout, sans nous parler.

Les journées sont longues pour les misérables. Quand il fait trop froid & que nous n’avons pas de feu, nous nous recouchons. Lorsque le temps est plus doux, j’essaie de travailler, me donnant la fièvre à vouloir faire une besogne qui ne veut plus de moi.

Laurence se renverse sur le lit ou se promène à pas lents. Elle traîne sa robe de soie bleue qui semble pleurer en se froissant aux meubles. Cette guenille est toute jaune de graisse, toute déchirée, craquée aux coutures, usée aux plis. Laurence la