Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/142

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Vous avez mes tendresses & mes pitiés ; vous vous agenouillez dans la vie, vous cherchez à qui donner votre âme. Nous communions en tendresse & en affection.

Vous rappelez-vous nos premières années ? Nous lisions ensemble des contes à dormir debout, de grands romans d’aventures qui nous tenaient six mois sous le charme. Nous faisions des vers & de la chimie, de la peinture & de la musique. Il y avait, chez l’un de vous, au troisième étage, une grande chambre, notre laboratoire & notre atelier. Là, dans la solitude, nous commettions nos crimes d’enfant : nous mangions le raisin accroché au plafond, nous risquions nos yeux au-dessus de cornues chauffées à blanc, nous rimions des comédies en trois actes que je lis encore aujourd’hui lorsque je veux sourire. Je la vois, cette grande chambre, avec sa large fenêtre, inondée de lumière blanche & pleine de vieux journaux, de gravures foulées aux pieds, de chaises dépaillées, de