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XVIII

Laissez-moi regretter, laissez-moi me souvenir, laissez-moi revoir toute ma jeunesse dans un regard.

Nous avions douze ans alors. Je vous rencontrai un soir d’octobre dans le préau du collège, sous les platanes, près de la petite fontaine. Vous étiez chétifs & timides. Je ne sais ce qui nous unit, notre faiblesse peut-être. Depuis ce soir, nous avons marché ensemble, nous séparant pour quelques heures, mais nous tendant la main avec plus d’amitié après chaque séparation.

Je sais que nous n’avons ni le même corps, ni le même cœur. Vous vivez & vous pensez autrement que moi, mais vous aimez comme moi. Là est notre fraternité.