Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/150

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parlais. Je viens de me rappeler mes paroles, ce souvenir m’a brûlé. Je vous confiais que mon cœur avait besoin de pureté & de virginité, & que j’aimais la neige, parce qu’elle était blanche, que je préférais l’eau des sources au vin, parce qu’elle était limpide. Je vous montrais le ciel, je vous disais qu’il était bleu & immense comme la mer, clair & profond, & que j’aimais la mer & le ciel. Puis je vous parlais de la femme ; j’aurais voulu qu’elle naquît pareille aux fleurs sauvages, en plein vent, en pleine rosée, qu’elle fût plante des eaux, qu’un éternel courant lavât son cœur & sa chair. Je vous jurais de n’aimer qu’une vierge, une vierge enfant, plus blanche que la neige, plus limpide que l’eau de source, plus profonde & plus immense en pureté que le ciel & la mer. Pendant longtemps, je m’épanchai ainsi en vous, frissonnant d’un saint désir, avide d’innocence, de blancheur immaculée, ne pouvant arrêter mon rêve qui montait dans la lumière.