Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/171

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cependant pas mourir avant d’avoir contenté ses vagues aspirations.

Laurence s’était animée, elle aussi. Elle était presque belle d’impudeur. Sa face avait pris une franchise de vice qui donnait à chacun de ses traits une suprême insolence ; le visage entier s’était allongé ; de grands plans carrés, traversés de lignes profondes, coupaient nerveusement les joues & la gorge en masses fortes & dédaigneuses. Elle était pâle, & quelques gouttes de sueur perlaient sur son front à la racine de ses cheveux qui se dressaient droits sur son crâne bas & écrasé. Vautrée dans son fauteuil, la face morte & convulsée, les yeux noirs & vivants, elle m’apparaissait comme une image terrible de la femme qui a pesé dans sa main toutes les voluptés & qui les refuse maintenant, les trouvant trop légères. Par moments, je croyais qu’elle me regardait en haussant les épaules ; elle souriait de pitié, je l’entendais me dire : « Tu m’aimes, eh !