Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/172

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que veux-tu de moi ? mon corps est défunt, je n’ai jamais eu de cœur. »

Quant à Pâquerette, elle était plus maigre, plus ridée. Sa figure, semblable à une pomme séchée, semblait s’être fripée encore & avait pris une teinte pâle de rouge brique. Les yeux n’étaient plus que deux points brillants. Elle hochait la tête d’une façon douce & aimable, bavardant comme une serinette aigre. Elle jouissait d’ailleurs d’un calme parfait, bien qu’elle eût mangé & bu à elle seule autant que nous trois ensemble.

Je les regardais toutes trois. Le trouble de mon cerveau qui les grandissait, les faisait osciller étrangement devant moi. Je me disais que toute la débauche était là : la débauche jeune & insouciante, la débauche mûre dans sa franchise, la débauche qui a vieilli & qui vit en cheveux blancs de son infamie passée. Pour la première fois, je voyais ces femmes ensemble, côte à côte. À elles seules, elles étaient tout un monde.