Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/181

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

habitation, ne voyant que des pierres, de l’herbe, du ciel. Puis, étouffant déjà, avides de la plaine, nous avons monté le talus en courant. La large campagne s’est étendue devant nous.

Nous nous trouvions dans les terrains vagues de Montrouge. Ces champs défoncés & boueux sont frappés d’éternelle désolation, de misère, de lugubre poésie. Çà & là, le sol noir bâille affreusement, montrant, comme des entrailles ouvertes, d’anciennes carrières abandonnées, blafardes & profondes. Pas un arbre ; sur l’horizon bas & morne se détachent seulement les grandes roues des treuils. Les terres ont je ne sais quel aspect sordide, & sont couvertes de débris sans nom. Les chemins tournent, se creusent, s’allongent avec mélancolie. Des masures neuves en ruines, des tas de plâtras s’offrent à chaque détour des sentiers. Tout est cru à l’œil, les terrains noirs, les pierres blanches, le ciel bleu. Le paysage entier, avec son as-