Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/180

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pousser de grands chardons que peuple toute une nation d’insectes, scarabées, papillons, abeilles ; ces coins sont tout bourdonnement & chaleur. Mais le matin, le talus jette son ombre ; on marche sans bruit, sur un gazon fin & serré, ayant devant soi une bande étroite de ciel sur laquelle se détachent les arbres maigres, en pleine lumière, qui dominent la muraille.

Les fossés des fortifications sont de petits déserts où je me suis souvent oublié. L’horizon étroit, l’ombre, le silence, que rendent plus sensible le sourd murmure de la grande ville & les clairons des casernes voisines, en font un lieu cher aux gamins, aux petits & aux grands enfants. On est là, dans un trou, aux portes de la cité, la sentant haleter & tressaillir, mais ne l’apercevant plus. Pendant une demi-heure, Laurence & moi, nous nous sommes contentés de ce ravin qui nous faisait oublier les maisons & les sentiers frayés ; nous étions à mille lieues de Paris, loin de toute