Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/183

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sont point encore ville, & ils ne sont plus campagne ; ils ont les poussières, les mutilations de l’homme, & n’ont plus la verdure ni la tranquille majesté de Dieu.

Nous avions hâte de fuir. Laurence se blessait les pieds, elle avait peur de ce désordre, de cette mélancolie qui lui rappelaient notre chambre. Moi, je trouvais là mon amour, ma vie troublée & saignante. Nous pressions le pas.

Nous avons descendu un coteau. La Bièvre coulait au fond du vallon, bleuâtre & épaisse. Des arbres, de loin en loin, bordaient le ruisseau ; de grandes maisons sombres, efflanquées, percées d’immenses fenêtres, se dressaient lugubrement. Le vallon est plus écœurant que la plaine ; il est humide, gras, puant. Les tanneries y ont des senteurs âcres & étouffantes ; les eaux de la Bièvre, cette sorte d’égout en plein ciel, exhalent une odeur fétide & forte qui prend à la gorge. Ce n’est plus la désolation morne & grise de Montrouge ;