Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/186

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lages, Arcueil, Bourg-la-Reine, je crois ; nous avons parcouru plus de vingt sentiers, entre des murs blancs & des haies vertes. Puis, comme nous venions de sauter un mince ruisseau, dans une vallée pleine de feuillages, Laurence a poussé un cri d’enfant, un éclat de rire, & elle s’est échappée de mon bras, courant dans l’herbe, toute gaie, toute naïve.

Nous étions dans un grand carré de gazon, planté d’arbres, de hauts peupliers, qui montaient d’un jet, majestueusement, & se balançaient avec langueur dans l’air bleu. Le gazon était dru & épais, noir à l’ombre, doré au soleil ; on eût dit, lorsque le vent agitait les peupliers, un large tapis de soie à reflets changeants. Tout autour s’étendaient des terres labourées, couvertes d’arbustes & de plantes ; l’horizon n’était que feuilles. Une maison blanche, basse & longue, qui s’abritait au seuil d’un bouquet d’arbres voisin, se détachait gaiement sur tout ce vert. Plus loin, plus haut, au