Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/187

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bord du ciel, à travers des ombrages, se montraient les premiers toits de Fontenay-aux-Roses.

La verdure était née de la veille, elle avait des fraîcheurs, des innocences de vierge ; les jeunes feuilles, pâles & tendres, en masses claires, semblaient une dentelle légère & délicate posée sur le grand voile bleu du ciel. Les troncs eux-mêmes, les vieux troncs rugueux, semblaient comme peints à neuf ; ils avaient caché leurs blessures sous des mousses nouvelles. C’était une chanson universelle, une gaieté fraîche, caressante. Les pierres & les terrains, le ciel & les eaux, tout paraissait propre & vigoureux, sain & innocent. La campagne enfant, verte & dorée, sous le large horizon d’azur, riait dans la lumière, ivre de sève, de jeunesse, de virginité.

Et au milieu de cette jeunesse, de cette virginité, courait Laurence en pleine lumière, en pleine sève. Elle s’était plongée dans l’herbe, abîmée dans l’air pur, elle