Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/201

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

XXII

Le printemps s’en est allé, je me suis éveillé de mon rêve.

Je ne sais quel triste enfant je suis, quelle âme misérable habite en moi. La réalité me pénètre, me secoue ; ma chair souffre ou jouit puissamment de ce qui est ; je suis comme un corps d’une sonorité exquise qui vibre à la moindre sensation, j’ai une perception aiguë & nette du monde qui m’entoure. Et mon âme se plaît à refuser la vérité ; elle échappe à ma chair, elle dédaigne mes sens, elle vit ailleurs, dans le mensonge & l’espérance. C’est ainsi que je marche dans la vie. Je sais & je vois, je m’aveugle & je rêve. Tandis que je m’avance sous la pluie, en pleine boue, tandis que j’ai énergiquement conscience de tout