Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/219

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ner appartenait déjà à la mort. Marie se mourait, & Marie me tendait les bras. Pauvre innocente ! sa pureté étrange lui cachait toute l’horreur de son baiser. Elle avançait les lèvres comme une vierge, ne comprenant pas que j’aurais mieux aimé mourir que de toucher à sa bouche, moi plein de Laurence. Cette chair pâle, brûlée par la fièvre, ne portait plus la trace des embrassements qui l’avaient rougie ; mais elle était morte déjà, sanctifiée, si pure que j’aurais cru commettre un sacrilège en lui donnant un dernier frisson de volupté.

Pâquerette a regardé curieusement la crise de Marie. Cette femme ne croit pas à la souffrance des autres.

— Elle aura avalé de travers, a-t-elle dit, sans songer que la malade ne mangeait plus depuis quinze jours.

J’ai été pris, à ces paroles, d’une colère aveugle. J’aurais volontiers souffleté cette face jaune qui ricanait, &, comme la