Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/233

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souffre & je jouis d’autant plus puissamment que mes idées se matérialisent & que je les perçois, les yeux fermés, par tous mes sens, par toute ma chair.

Dans la lueur rose, je voyais Laurence demi-nue entre les bras de Jacques. Je voyais la chambre qui m’avait paru noire, silencieuse, & maintenant elle était pleine de rires, de clartés. Les deux amants, dans un flot de lumière éclatante, se serraient étroitement ; ils étaient là, sous mes yeux, prenant toutes les attitudes que rêvait mon esprit éperdu. Ce n’étaient plus de simples pensées, une jalousie de cœur, c’étaient des tableaux horribles, vivants, d’une netteté effrayante. Mon corps se révoltait & criait ; je sentais que le drame se passait en moi, que je pouvais voiler ces images ; je les découvrais, je les étalais, je les évoquais plus nues, plus vigoureuses, je m’enfonçais à plaisir dans ces spectacles que je me donnais largement pour souffrir davan-