Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/236

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Et j’ai pris le cou entre mes doigts crispés, voyant rouge. J’ai secoué violemment Laurence, serrant de toutes mes forces. Elle se laissait aller, obéissant aux secousses, sans une plainte, molle & abrutie. Je ne sais quel plaisir j’avais à sentir ce corps tiède & souple se plier, se fondre au gré de ma rage. Puis, un frisson glacial m’a pénétré d’épouvante, j’ai cru voir du sang ruisseler le long de mes doigts, je me suis rejeté sur l’oreiller, sanglotant, ivre de douleur.

Laurence a porté la main à son cou. Elle a respiré fortement, à trois reprises, & elle s’est recouchée, me tournant le dos, sans une parole, sans une larme.

Je l’avais échevelée. Sur sa nuque, j’apercevais une trace bleuâtre rendue plus sombre par l’ombre des cheveux qui cachaient à demi les épaules. Mes pleurs m’aveuglaient, mon cœur était plein d’une compassion immense & douloureuse. Je pleurais sur moi qui venais de