Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/24

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ma fierté. Je veux écouter vos fortes & belles paroles, embellir ma mansarde de gaieté, l’éclairer de grandes pensées. Si je me sens trop seul, je me créerai une compagne qui, fidèle à ma voix, viendra me baiser au front, après la tâche accomplie. Si les dalles sont froides, si le pain manque, j’oublierai l’hiver & la faim en me sentant le cœur chaud. À vingt ans, il est aisé d’être artisan de sa joie.

L’autre nuit, la voix des vents était mélancolique, ma lampe se mourait, mon feu s’était éteint ; l’insomnie avait troublé ma raison, de pâles fantômes erraient dans mon ombre. J’ai eu peur, frères, je me suis senti faible, je vous ai dit mes larmes. Le premier rayon a chassé le cauchemar de ma veille. Aujourd’hui l’obstacle n’est plus en moi. J’accepte la lutte.

Je veux vivre au désert, n’écoutant que mon cœur, ne voyant que mon rêve. Je veux oublier les hommes, m’interroger & me répondre. Pareil à la jeune épouse dont