Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/247

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du fond de l’égout. Alors elle serait brute, elle ne sentirait plus rien, & se déclarerait heureuse. Elle mourrait une nuit, sur le trottoir, soûle & éreintée. Le cœur me disait que le corps irait à l’amphithéâtre, & que là on le couperait en quatre pour savoir ce qu’il contenait d’amer & de nauséabond. Moi, à ces paroles du maudit, je voyais Laurence bleuie, traînée dans la boue, marbrée de caresses infâmes, étendue toute raide sur la pierre blanche. On fouillait avec des couteaux minces les entrailles de celle que j’aimais à en mourir & que je pressais désespérément entre mes bras.

La vision grandissait, la chambre se peuplait de fantômes. Un monde de débauche passait en longue procession désolée. La vie, avec ce qu’elle a d’horrible & de souillé, se déroulait à mes yeux, en tableaux effrayants. Toute la saleté humaine se dressait devant moi, drapée de soie, couverte de haillons, jeune & belle, vieille