Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/255

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mon ami, tu es hors de la vie, dans le cauchemar & le mensonge. Tu as la fièvre, le délire ; ton cœur & ton corps sont malades. Dans ta souffrance, tu ne vois plus les choses telles qu’elles sont. Tu donnes des dimensions monstrueuses aux graviers, tu rapetisses les montagnes ; ton horizon est l’horizon du vertige, peuplé de visions terrifiantes qui ne sont qu’ombres & reflets. Je te jure que tes sens & ton âme se trompent, que tu perçois, que tu aimes ce qui n’existe pas. Va, je comprends ta maladie, même j’en connais les causes. Tu étais né pour un monde de pureté, d’honneur ; tu venais à nous, sans défense, sans règle, le cœur ouvert, l’esprit libre ; tu avais l’immense orgueil de croire à la puissance de tes tendresses, à la justice, à la vérité de ta raison. Ailleurs, dans un milieu digne, tu aurais grandi en dignité. Parmi nous, tes vertus ont hâté ta chute. Tu as aimé, lorsqu’il fallait haïr ; tu as été doux, lorsqu’il fal-