Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/256

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lait être cruel ; tu as écouté ta conscience & ton cœur, lorsqu’il ne fallait écouter que ton plaisir & ton intérêt. Et voilà pourquoi tu es infâme. L’histoire est navrante ; tu dois te trouver bien puni dans tes fiertés qui te poussaient à vivre en dehors des jugements de la foule. Aujourd’hui la plaie est saignante, avivée, irritée par tes propres mains qui la déchirent. Tu as porté dans ta chute la fougue de ton caractère, tu as voulu être perdu tout entier, dès que tu as senti le bout de ton pied entrer dans le mal. Maintenant, tu te vautres avec une sainte horreur, avec un emportement de joie amère, sur le lit ignoble où tu t’es couché. Je te connais, Claude : tu as la défaite mauvaise, tu ne veux pas être vaincu à demi. Me permets-tu, à moi, l’homme pratique, l’homme sans cœur, d’essayer de te guérir en portant le fer rouge sur la plaie ?

J’ai fait un geste d’impatience, ouvrant les lèvres.