Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/295

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Elle a paru ne pas m’entendre.

— Qu’as-tu ? a-t-elle murmuré d’une voix éteinte & caressante.

Et sa main faible cherchait à essuyer mes larmes. Alors, je l’ai regardée, mon cœur navré s’est fondu de pitié. Elle se mourait. Elle était déjà en dehors de la vie, plus blanche, plus grande ; ses regards qui se voilaient s’emplissaient d’une extase attendrie & sereine ; son visage apaisé dormait, ses lèvres amincies n’avaient plus de râle. J’ai compris qu’elle allait mourir entre mes bras, à cette heure solennelle où mes tendresses mouraient, elles aussi, & cette mort d’une enfant, mêlée à la mort de mon amour, a mis en mon âme une compassion si profonde que j’ai tendu de nouveau les mains dans le vide avec une anxiété plus âpre, cherchant quelqu’un.

Je me suis soulevé, &, d’une voix basse, déchirée :

— Prions, mon enfant, ai-je répété, prions ensemble.