Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/296

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Marie a souri.

— Prier, Claude ! m’a-t-elle dit, pourquoi veux-tu que je prie ?

— Pour nous consoler, Marie, pour nous faire pardonner.

— Je n’ai pas de pardon à demander, je n’ai pas de tristesse à adoucir. Tiens, vois, je souris, je suis heureuse ; mon cœur ne me reproche rien.

Elle a gardé le silence, écartant ses cheveux de son front, puis a repris d’un ton plus affaibli :

— Je ne sais pas prier, parce que je n’ai jamais eu à demander pardon. La femme qui m’a élevée m’assurait que les méchants seuls allaient dans les églises pour se faire absoudre de leur crime. Moi, je suis une enfant qui n’a pas fait le mal, jamais je n’ai eu besoin de Dieu. Toutes les fois que j’ai pleuré, mes larmes ont coulé largement sur mes joues & le vent les a séchées.

— Veux-tu que je prie pour toi, Claude ? a-t-elle ajouté après un nouveau silence,