Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/302

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avec chacune des paroles qu’elle prononçait. Elle avait encore quelques minutes à vivre. Le sourire s’est effacé, elle a eu comme un mouvement d’effroi.

— Tu me trompes, Claude, a-t-elle repris brusquement : Jacques n’embrasse pas Laurence. Tu cherches à me faire plaisir. Où les vois-tu s’embrasser ?

— Là, en face, ai-je répondu, sur la muraille.

Marie a joint les mains.

— Je veux voir, a-t-elle dit en se pressant contre moi.

Elle avait une voix sourde & suppliante, elle me caressait, humble & douce.

Je l’ai prise entre mes bras & je l’ai soulevée. Elle était légère, toute palpitante ; elle s’abandonnait. Je la portais avec précaution, la sentant à peine, craignant de la briser. Mes mains touchaient avec un saint respect à cette créature demi-nue, échevelée, qui se tenait à mon cou, appartenant déjà à la mort.