Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/310

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chiez Marie. Cette pauvre morte me protège contre vous ; elle est là, sur mon sein, endormie, elle y apaise mon cœur. Je me sens profondément déchiré. J’aurais eu peut-être la lâcheté de vous pardonner, si vous étiez venue, dans notre chambre, vous traîner à mes pieds, car vous y auriez été toute-puissante sur moi, par cet amour infâme que la misère & l’abandon m’ont inspiré. Ici vous ne pouvez rien sur mon cœur, rien sur mon corps. J’ai encore aux lèvres l’âme de Marie, son dernier souffle & son dernier baiser. Je ne veux pas que votre bouche souillée me prenne cette âme.

Laurence s’était arrêtée, sanglotant, me contemplant à travers ses larmes.

— Claude, murmurait-elle, tu ne me comprends pas, tu ne m’as jamais comprise. Je t’aime. Je n’ai jamais su ce que tu désirais de moi, je me suis donnée comme je sais me donner. Pourquoi me chasses-tu ? Je n’ai pas fait le mal ; si