Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/319

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coin de Paris où la belle jeunesse se vautre en pleine boue. Il m’aurait fallu les purs sommets, la campagne large. Si j’avais rencontré une vierge, je me serais agenouillé pour me donner entier ; j’aurais été pur comme elle, &, sans lutte, sans effort, nous nous serions unis, nous aurions contenté nos tendresses. La vie a ses fatalités. Un soir, j’ai trouvé Laurence, la gorge découverte. J’ai eu l’imprudente confiance de vivre auprès de cette femme, & voilà que je l’ai aimée, aimée comme une vierge, avec tout mon cœur, toute ma pureté. Elle m’a rendu mes affections en souffrances & en désespoirs ; elle a eu la lâcheté de se laisser aimer, sans jamais aimer elle-même. Je me suis déchiré, devant cette âme morte, à vouloir me faire entendre. J’ai pleuré comme un enfant qui veut embrasser sa mère, se haussant sur ses petits pieds, ne pouvant atteindre le visage de celle qui est toute son espérance.

Je me disais ces choses dans cette nuit