Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/326

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rai de guérir mon cœur. Nous irons dans les plaines, au bord de la rivière ombreuse ; nous reprendrons la vie de nos seize ans, & j’oublierai ainsi l’année terrible que je viens de vivre. J’en serai encore à ces jours d’ignorance & d’espoir, lorsque je ne savais rien de la réalité & que je rêvais une terre meilleure. Je redeviendrai jeune, croyant, je pourrai recommencer la vie sur de nouveaux songes.

Oh ! je sens toutes les pensées de ma jeunesse me revenir en foule, m’emplir de force & d’espérance. Tout avait disparu dans la nuit où j’étais entré, vous & le monde, mon travail de chaque jour & ma gloire future. Je ne vivais plus que pour une idée unique, aimer & souffrir. Aujourd’hui, dans mon apaisement, j’entends s’éveiller une à une ces pensées que je reconnais & auxquelles je souhaite la bienvenue, l’âme attendrie. J’étais aveugle, de nouveau, je vois clair en moi,