Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/39

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sais quelle fascination avaient sur moi ce sommeil paisible du vice, ces traits flétris empreints dans leur repos d’une douceur angélique. Je me disais que cette fille dormait, visitée par sa seizième année, & que j’avais ainsi une vierge devant moi. Cette pensée emplissait mon esprit ; si quelque autre s’y mêlait, je n’en avais pas conscience. Je ne sentais plus le froid, & je tremblais. Mes veines battaient d’une fièvre inconnue. Ma rêverie s’égarait, plus inquiète & plus triste.

La fille eut un soupir, se retourna sur la couche. Elle rejeta la couverture, découvrant sa poitrine.

Mes songes m’avaient seuls montré jusque-là de chastes nudités, toujours voilées de rayons. Je n’avais jamais entrevu que les bras des lavandières battant gaiement le linge. Parfois peut-être encore mon regard s’était-il égaré sur le cou blanc & délicat d’une danseuse, lorsque, l’emportant sur mon cœur, je sentais ma pensée se