Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/56

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permis de choisir ! Tiens, fâche-toi, mais je suis entrée ici parce que je ne savais où aller. J’étais montée furtivement pour passer la nuit sur une marche. Je me suis appuyée à ta porte, & c’est alors que j’ai songé à toi. Tu n’as pas de pain ; moi, je n’ai pas mangé depuis hier, & mon sourire est si pâle qu’il ne me fera pas manger demain. Tu vois que je puis rester. J’aime autant mourir ici que dans la rue : il y fait moins froid.

— Non, cherchez encore, vous trouverez plus riche & plus gai que moi. Plus tard vous me remercierez de ne vous avoir pas reçue.

Laurence s’est levée. Son visage avait pris une indicible expression d’amertume & d’ironie. Son regard ne suppliait pas : il était insolent & cynique. Elle a croisé les bras, m’a regardé en face.

— Allons, m’a-t-elle dit, sois franc : tu ne veux pas de moi. Je suis trop laide, trop misérable, que sais-je ? je te déplais &