Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/68

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rence a peur de moi : tel est le résultat d’une semaine de respect.

À peine levée, elle fait grande toilette ; elle court au miroir & s’y oublie pendant une heure. Elle a hâte de réparer le désordre de la nuit. Ses cheveux, plus rares, retombent, montrant des places nues ; ses joues, dont le fard s’est effacé, sont pâles & flétries. Elle sent qu’elle n’a plus sa jeunesse d’emprunt, & s’inquiète de mes regards. La pauvre fille, qui a vécu de sa fraîcheur, craint que je ne la chasse le jour où je verrai qu’elle ne l’a plus. Elle se peigne laborieusement, gonflant ses boucles & dissimulant avec habileté celles qui manquent ; elle se noircit les cils, blanchit ses épaules, rougit ses lèvres. Moi, pendant ce temps, je tourne le dos, feignant de ne rien voir. Puis, lorsqu’elle s’est peint la face & qu’elle se juge jeune & belle, elle vient à moi, souriante. Elle est plus calme ; la pensée qu’elle gagne justement son pain lui rend sa liberté d’allures. Elle s’offre