Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/69

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complaisamment ; elle oublie que je ne puis m’abuser sur ces belles couleurs, & paraît croire qu’il doit me suffire de les lui voir pendant une matinée.

Je lui ai fait entendre que je préférais de l’eau claire aux pommades & aux cosmétiques. J’ai même ajouté que j’aimais mieux ses rides précoces que ce visage gras & luisant dont elle se masque chaque jour. Elle n’a pas compris. Elle a rougi, croyant que je lui reprochais sa laideur, & depuis lors elle s’efforce davantage de n’être pas elle.

Ainsi peignée & fardée, serrée dans sa robe de soie bleue, elle se traîne de siège en siège, nonchalante & ennuyée. N’osant remuer, par crainte de déranger un pli de sa jupe, elle demeure assise le restant du jour. Elle croise les mains & s’endort les yeux ouverts, dans une sorte de somnolence. Parfois, elle se lève, s’approche de la fenêtre ; là, elle appuie le front aux vitres glacées, & se reprend à sommeiller.

Je l’ai vue active avant qu’elle ne fût ma