Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/70

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compagne ; la vie agitée qu’elle menait alors lui donnait une ardeur fébrile ; sa paresse était bruyante & acceptait avec joie la rude tâche du vice. Aujourd’hui, vivant de mon existence calme & studieuse, elle a toute l’oisiveté de la paix sans en avoir le travail doux & régulier.

Je devrais, avant tout, la guérir de sa nonchalance & de son ennui. Je vois bien qu’elle regrette les émotions poignantes de la borne, mais elle est d’une nature si peu énergique qu’elle n’ose les regretter tout haut. Je vous l’ai dit, frères, elle a peur de moi, non pas peur de ma colère, mais peur de l’être inconnu qu’elle ne peut comprendre. Elle saisit vaguement mes désirs, & s’y plie, ignorante de leur véritable sens. C’est ainsi qu’elle se couvre sans être chaste, qu’elle demeure sérieuse & tranquille sans cesser d’être oisive & paresseuse. C’est ainsi encore qu’elle pense ne pouvoir refuser mon estime, s’étonnant parfois, mais ne cherchant jamais à en être digne.