Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/79

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rais-je mettre en œuvre, si ce n’est des systèmes, des règles de conduite rêvées à seize ans, belles en théorie, absurdes en pratique ? Me suffit-il d’aimer le bien, de tendre vers un idéal de vertu, vagues aspirations dont le but lui-même est indéterminé ? Lorsque la réalité est là, je sais combien ces désirs se formulent peu, combien je suis impuissant dans la lutte qu’elle m’offre. Je ne saurai l’étreindre ni la vaincre, ignorant de quelle façon la saisir & ne pouvant même m’avouer quelle victoire je demande. Une voix crie en moi que je ne veux pas de la vérité ; je ne désire point la changer, la rendre bonne de mauvaise qu’elle me paraît. Que le monde qui existe, demeure ; j’ose vouloir créer une nouvelle terre sans me servir des débris de l’ancienne. Alors, n’ayant plus de base, l’échafaudage de mes songes croule au moindre heurt. Je ne suis plus qu’un inutile penseur, amant platonique du bien que bercent de vaines rêveries & dont la puis-