Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/89

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ressemblait fort, monsieur : un peu plus petit, je crois, mais les mêmes yeux, la même bouche, jusqu’aux cheveux qu’il portait, ainsi que vous, rejetés en arrière. Il m’adorait, m’accablait de caresses, me suivait partout, ce qui fit que je le quittai au bout de huit jours.

Tandis qu’elle bavardait, Laurence s’était couverte. Elle s’est peignée, debout devant la glace, sérieuse & recueillie. La vieille, droite auprès d’elle, a cessé de parler, contemplant avec dévotion les paquets de fard & les fioles d’huile aromatique, parfumerie grossière achetée à bas prix aux étalages en plein vent. Ces femmes m’oubliant, je me suis assis dans un coin.

La glace me renvoyait leurs images ; ces deux faces, malgré les rides de l’une & la fraîcheur relative de l’autre, me semblaient sœurs, dans leur commune expression d’avilissement. Mêmes regards troublés par les nuits ardentes, mêmes lèvres déformées sous de brutales caresses. À