Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/90

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peine lisait-on sur leurs joues flétries le nombre d’années qui séparaient leur âge. Toutes deux étaient également vieilles de débauche. Un instant, je me suis cru l’amant de Pâquerette, & j’ai fermé les yeux.

Elles m’oubliaient. Par moments, elles échangeaient une parole à demi-voix. Laurence jurait, frappant du pied, lorsque quelques cheveux rebelles refusaient de se boucler. Alors la petite vieille parlait de ses blondes tresses d’autrefois ; elle décrivait la coiffure des filles de son temps, &, pour se mieux faire entendre, disposait à son tour ses cheveux gris devant le miroir. Puis, c’étaient de longues louanges sur la jeunesse de ma compagne, des doléances sans fin sur les ennuis du vieil âge. Les rides étaient venues avant la lassitude du corps ; de là, le grand regret de n’avoir pas épuisé la vie à vingt ans. Aujourd’hui, il fallait vivre sans se hâter, dans le silence & l’ombre, ayant au cœur une admiration ja-