tenant, la fortune leur souriait, Delaherche avait parlé d’associer Weiss à sa maison. Ce serait le bonheur, dès que des enfants seraient venus.
— Attention ! dit la domestique à Jean, l’escalier est raide.
En effet, il butait dans une obscurité devenue profonde, quand une porte, vivement ouverte, éclaira les marches d’un coup de lumière. Et il entendit une voix douce qui disait :
— C’est lui.
— Madame Weiss, cria la domestique, voilà un soldat qui vous demande.
Il y eut un léger rire de contentement, et la voix douce répondit :
— Bon ! bon ! je sais qui c’est.
Puis, comme le caporal, gêné, étouffé, s’arrêtait sur le seuil.
— Entrez, monsieur Jean… Voici deux heures que Maurice est là et que nous vous attendons, oh ! avec bien de l’impatience !
Alors, dans le jour pâle de la pièce, il la vit, d’une ressemblance frappante avec Maurice, de cette extraordinaire ressemblance des jumeaux qui est comme un dédoublement des visages. Pourtant, elle était plus petite, plus mince encore, d’apparence plus frêle, avec sa bouche un peu grande, ses traits menus, sous son admirable chevelure blonde, d’un blond clair d’avoine mûre. Et ce qui la différenciait surtout de lui, c’étaient ses yeux gris, calmes et braves, où revivait toute l’âme héroïque du grand-père, le héros de la Grande Armée. Elle parlait peu, marchait sans bruit, d’une activité si adroite, d’une douceur si riante, qu’on la sentait comme une caresse dans l’air où elle passait.
— Tenez, entrez par ici, monsieur Jean, répéta-t-elle. Tout va être prêt.