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Page:Zola - La Débâcle.djvu/540

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paternelle, qu’il irait peut-être un jour exterminer ! Des semences scélérates pour d’effroyables moissons !

Tombée sur une chaise, couvrant de baisers égarés Charlot qui pleurait à son cou, Silvine répétait à l’infini la même phrase, le cri de son cœur saignant.

— Ah ! mon pauvre petit, on ne dira plus que tu es un Prussien !… Ah ! mon pauvre petit, on ne dira plus que tu es un Prussien !

Dans la cuisine, le père Fouchard venait d’arriver. Il avait tapé en maître, on s’était décidé à lui ouvrir. Et, en vérité, il avait eu une peu agréable surprise, en trouvant ce mort sur sa table, avec le baquet plein de sang dessous. Naturellement, d’une nature peu endurante, il s’était fâché.

— Dites donc, espèces de salops que vous êtes, est-ce que vous n’auriez pas pu faire vos saletés dehors ? Hein ! Vous prenez donc ma maison pour un fumier, que vous venez y gâter les meubles, avec des coups pareils ?

Puis, comme Sambuc s’excusait, expliquait les choses, le vieux continua, gagné par la peur, s’irritant davantage :

— Et qu’est-ce que vous voulez que j’en foute, moi, de votre mort ? Croyez-vous que c’est gentil, de coller comme ça un mort chez quelqu’un, sans se demander ce qu’il en fera ?… Une supposition qu’une patrouille entre, je serais propre ! Vous vous en fichez, vous autres, vous ne vous êtes pas demandé si je n’y laisserais pas la peau… Eh bien ! nom de Dieu, vous aurez affaire à moi, si vous n’emportez pas votre mort tout de suite ! Vous entendez, prenez-le par la tête, par les pattes, par ce que vous voudrez, mais que ça ne traîne pas et qu’il n’en reste pas seulement un cheveu dans trois minutes d’ici !

Enfin, Sambuc obtint du père Fouchard un sac, bien que le cœur de ce dernier saignât de donner encore quelque chose. Il le choisit parmi les plus mauvais, en