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Page:Zola - La Débâcle.djvu/596

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que les troupes débusqueraient du Corps législatif, pour les refouler derrière les fortes barricades de la rue du Bac. Les heures pourtant se passèrent, sans que l’attaque se produisît. On n’échangeait toujours que des balles perdues, d’un bout des rues à l’autre. C’était le plan de Versailles qui se développait avec une lenteur prudente, la résolution bien arrêtée de ne pas se heurter de front à la formidable forteresse que les insurgés avaient faite de la terrasse des Tuileries, l’adoption d’un double cheminement, à gauche et à droite, le long des remparts, de manière à s’emparer d’abord de Montmartre et de l’Observatoire, pour se rabattre ensuite et prendre tous les quartiers du centre dans un immense coup de filet. Vers deux heures, Maurice entendit raconter que le drapeau tricolore flottait sur Montmartre : attaquée par trois corps d’armée à la fois, qui avaient lancé leurs bataillons sur la butte, au nord et à l’ouest, par les rues Lepic, des Saules et du Mont-Cenis, la grande batterie du Moulin de la Galette venait d’être prise ; et les vainqueurs refluaient sur Paris, emportaient la place Saint-Georges, Notre-Dame de Lorette, la mairie de la rue Drouot, le nouvel Opéra ; pendant que, sur la rive gauche, le mouvement de conversion, parti du cimetière Montparnasse, gagnait la place d’Enfer et le Marché aux chevaux. Une stupeur, de la rage et de l’effroi accueillaient ces nouvelles, ces progrès si rapides de l’armée. Eh quoi ! Montmartre enlevé en deux heures, Montmartre, la citadelle glorieuse et imprenable de l’insurrection ! Maurice s’aperçut bien que les rangs s’éclaircissaient, des camarades tremblants filaient sans bruit, allaient se laver les mains, mettre une blouse, dans la terreur des représailles. Le bruit courait qu’on serait tourné par la Croix-Rouge, dont l’attaque se préparait. Déjà, les barricades des rues Martignac et de Bellechasse étaient prises, on commençait à voir les pantalons rouges au bout de la rue de Lille. Et il ne resta bientôt que les