encore, les ravivant, les semant aux quatre coins de l’horizon. Ah ! cette ville d’enfer qui rougeoyait dès le crépuscule, allumée pour toute une semaine, éclairant de ses torches monstrueuses les nuits de la semaine sanglante ! Et, cette nuit-là, quand les docks de la Villette brûlèrent, la clarté fut si vive sur la cité immense, qu’on put la croire réellement incendiée par tous les bouts, cette fois, envahie et noyée sous les flammes. Dans le ciel saignant, les quartiers rouges, à l’infini, roulaient le flot de leurs toitures de braise.
— C’est la fin, répéta Maurice, Paris brûle !
Il s’excitait avec ces mots, redits à vingt reprises, dans un besoin fébrile de parler, après la lourde somnolence qui l’avait tenu presque muet, pendant trois jours. Mais un bruit de larmes étouffées lui fit tourner la tête.
— Comment, petite sœur, c’est toi, si brave !… Tu pleures parce que je vais mourir…
Elle l’interrompit, en se récriant.
— Mais tu ne mourras pas !
— Si, si, ça vaut mieux, il le faut !… Ah ! va, ce n’est pas grand’chose de bon qui s’en ira avec moi. Avant la guerre, je t’ai fait tant de peine, j’ai coûté si cher à ton cœur et à ta bourse !… Toutes ces sottises, toutes ces folies que j’ai commises, et qui auraient mal fini, qui sait ? la prison, le ruisseau…
De nouveau, elle lui coupait la parole, violemment.
— Tais-toi ! tais-toi !… Tu as tout racheté !
Il se tut, songea un instant.
— Quand je serai mort, oui ! peut-être… Ah ! mon vieux Jean, tu nous as tout de même rendu à tous un fier service, quand tu m’as allongé ton coup de baïonnette.
Mais lui aussi, les yeux gros de larmes, protestait.
— Ne dis pas ça ! tu veux donc que je me casse la tête contre un mur !