de Versailles, disait-on, accueillaient avec des huées, à coups de canne et d’ombrelle.
Mais, le dimanche, Jean fut épouvanté. C’était le dernier jour de l’exécrable semaine. Dès le triomphal lever du soleil, par cette limpide et chaude matinée de jour de fête, il sentit passer le frisson de l’agonie suprême. On venait d’apprendre seulement les massacres répétés des otages, l’archevêque, le curé de la Madeleine et d’autres fusillés, le mercredi, à la Roquette, les dominicains d’Arcueil tirés à la course, comme des lièvres, le jeudi, des prêtres encore et des gendarmes au nombre de quarante-sept foudroyés à bout portant, au secteur de la rue Haxo, le vendredi ; et une fureur de représailles s’était rallumée, les troupes exécutaient en masse les derniers prisonniers qu’elles faisaient. Pendant tout ce beau dimanche, les feux de peloton ne cessèrent pas, dans la cour de la caserne Lobau, pleine de râles, de sang et de fumée. À la Roquette, deux cent vingt-sept misérables, ramassés au hasard du coup de filet, furent mitraillés en tas, hachés par les balles. Au Père-Lachaise, bombardé depuis quatre jours, emporté enfin tombe par tombe, on en jeta cent quarante-huit contre un mur, dont le plâtre ruissela de grandes larmes rouges ; et trois d’entre eux, blessés, s’étant échappés, on les reprit, on les acheva. Combien de braves gens pour un gredin, parmi les douze mille malheureux à qui la commune avait coûté la vie ! L’ordre de cesser les exécutions était, disait-on, venu de Versailles. Mais l’on tuait quand même, Thiers devait rester le légendaire assassin de Paris, dans sa gloire pure de libérateur du territoire ; tandis que le maréchal de Mac-Mahon, le vaincu de Frœschwiller, dont une proclamation couvrait les murs, annonçant la victoire, n’était plus que le vainqueur du Père-Lachaise. Et Paris ensoleillé, endimanché, paraissait en fête, une foule énorme encombrait les rues reconquises, des promeneurs allaient d’un air de