en grand, et par le maraudage, les petits vols des chapardeurs, dont les bons tours légendaires faisaient rire jusqu’aux généraux.
— Ah ! dit Prosper, devenu grave, ce n’est pas ici comme là-bas, on se bat autrement.
Et, sur une nouvelle question de Maurice, il dit leur débarquement à Toulon, leur long et pénible voyage jusqu’à Lunéville. C’était là qu’ils avaient appris Wissembourg et Frœschwiller. Ensuite, il ne savait plus, confondait les villes : de Nancy à Saint-Mihiel, de Saint-Mihiel à Metz. Le 14, il devait y avoir eu une grande bataille, l’horizon était en feu ; mais lui n’avait vu que quatre uhlans, derrière une haie. Le 16, on s’était battu encore, le canon faisait rage dès six heures du matin ; et on lui avait dit que, le 18, la danse avait recommencé, plus terrible. Seulement, les chasseurs n’étaient plus là, parce que, le 16, à Gravelotte, comme ils attendaient d’entrer en ligne, le long d’une route, l’empereur, qui filait dans une calèche, les avait pris en passant, pour l’accompagner à Verdun. Une jolie trotte, quarante-deux kilomètres au galop, avec la peur, à chaque instant, d’être coupés par les Prussiens !
— Et Bazaine ? demanda Rochas.
— Bazaine ? on dit qu’il a été rudement content que l’empereur lui fiche la paix.
Mais le lieutenant voulait savoir si Bazaine arrivait. Et Prosper eut un geste vague : est-ce qu’on pouvait dire ? Eux, depuis le 16, avaient passé les journées en marches et contremarches sous la pluie, en reconnaissances, en grand’gardes, sans voir un ennemi. Maintenant, ils faisaient partie de l’armée de Châlons. Son régiment, deux autres de chasseurs de France et un de hussards, formaient l’une des divisions de la cavalerie de réserve, la 1re division, commandée par le général Margueritte, dont il parlait avec une tendresse enthousiaste.
— Ah ! le bougre ! en voilà un rude lapin ! Mais à quoi