Page:Zola - La Faute de l'abbé Mouret.djvu/149

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III


Le soleil était là, en effet. Quand Albine eut ouvert les volets, derrière les grands rideaux, la bonne lueur jaune chauffa de nouveau un coin de la blancheur du linge. Mais ce qui fit asseoir Serge sur son séant, ce fut de revoir l’ombre de la branche, le rameau qui lui annonçait le retour à la vie. Toute la campagne ressuscitée, avec ses verdures, ses eaux, son large cercle de collines, était là pour lui, dans cette tache verdâtre frissonnante au moindre souffle. Elle ne l’inquiétait plus. Il en suivait le balancement, d’un air avide, ayant le besoin des forces de la séve qu’elle lui annonçait ; tandis que, le soutenant dans ses bras, Albine, heureuse, disait :

— Ah ! mon bon Serge, l’hiver est fini… Nous voilà sauvés.

Il se recoucha, les yeux déjà vifs, la voix plus nette.

— Demain, dit-il, je serai très-fort… Tu tireras les rideaux. Je veux tout voir.

Mais, le lendemain, il fut pris d’une peur d’enfant. Jamais il ne consentit à ce que les fenêtres fussent grandes