Page:Zola - La Faute de l'abbé Mouret.djvu/221

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XI


— Nous ne sortons donc plus ? demanda Serge, à quelques jours de là.

Et la voyant hausser les épaules d’un air las, il ajouta comme pour se moquer d’elle :

— Tu as donc renoncé à chercher ton arbre ?

Ils tournèrent cela en plaisanterie pendant toute la journée. L’arbre n’existait pas. C’était un conte de nourrice. Ils en parlaient pourtant avec un léger frisson. Et, le lendemain, ils décidèrent qu’ils iraient faire une promenade au fond du parc, sous les hautes futaies, que Serge ne connaissait pas encore. Le matin du départ, Albine ne voulut rien emporter ; elle était songeuse, même un peu triste, avec un sourire très-doux. Ils déjeunèrent, ils ne descendirent que tard. Le soleil, déjà chaud, leur donnait une langueur, les faisait marcher lentement l’un près de l’autre, cherchant les filets d’ombre. Ni le parterre, ni le verger, qu’ils durent traverser, ne les retinrent. Quand ils arrivèrent sous la fraîcheur des grands ombrages, ils ralentirent encore leurs pas,