Page:Zola - La Faute de l'abbé Mouret.djvu/28

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


V


Cependant, le soleil chauffait la grande porte de l’église. Des mouches dorées bourdonnaient autour d’une grande fleur qui poussait entre deux des marches du perron. L’abbé Mouret, un peu étourdi, se décidait à s’éloigner, lorsque Voriau s’élança, en aboyant violemment, vers la grille du petit cimetière, qui se trouvait à gauche de l’église. En même temps une voix âpre cria :

— Ah ! vaurien, tu manques l’école, et c’est dans le cimetière qu’on te trouve !… Ne dis pas non ! Il y a un quart d’heure que je te surveille.

Le prêtre s’avança. Il reconnut Vincent, qu’un Frère des écoles chrétiennes tenait rudement par une oreille. L’enfant se trouvait comme suspendu au-dessus d’un gouffre qui longeait le cimetière, et au fond duquel coulait le Mascle, un torrent dont les eaux blanches allaient, à deux lieues de là, se jeter dans la Viorne.

— Frère Archangias ! dit doucement l’abbé, pour inviter le terrible homme à l’indulgence.

Mais le Frère ne lâchait pas l’oreille.