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Page:Zola - La Faute de l'abbé Mouret.djvu/341

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VIII


D’abord, elle ne vit personne. Au-dehors, la pluie tombait de nouveau, une pluie fine, persistante. L’église lui parut toute grise. Elle passa derrière le maître-autel, s’avança jusqu’à la chaire. Il n’y avait, au milieu de la nef, que des bancs laissés en déroute par les galopins du catéchisme. Le balancier de l’horloge battait sourdement, dans tout ce vide. Alors, elle descendit pour aller frapper à la boiserie du confessionnal, qu’elle apercevait à l’autre bout. Mais, comme elle passait devant la chapelle des Morts, elle trouva l’abbé Mouret prosterné au pied du grand Christ saignant. Il ne bougeait pas, il devait croire que la Teuse rangeait les bancs, derrière lui. Albine lui posa la main sur l’épaule.

— Serge, dit-elle, je viens te chercher.

Le prêtre leva la tête, très-pâle, avec un tressaillement. Il resta à genoux, il se signa, les lèvres balbutiantes encore de sa prière.

— J’ai attendu, continua-t-elle. Chaque matin, chaque soir, je regardais si tu n’arrivais pas. J’ai compté les jours, puis je n’ai plus compté. Voilà des semaines… Alors, quand