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Page:Zola - La Faute de l'abbé Mouret.djvu/44

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VII


La matinée devenait brûlante. Dans ce vaste cirque de roches, le soleil allumait, dès les premiers beaux jours, un flamboiement de fournaise. L’abbé Mouret, à la hauteur de l’astre, comprit qu’il avait tout juste le temps de rentrer au presbytère, s’il voulait être là à onze heures, pour ne pas se faire gronder par la Teuse. Son bréviaire lu, sa démarche auprès de Bambousse faite, il s’en retournait à pas pressés, regardant au loin la tache grise de son église, avec la haute barre noire que le grand cyprès, le Solitaire, mettait sur le bleu de l’horizon. Il songeait, dans l’assoupissement de la chaleur, à la façon la plus riche possible, dont il décorerait, le soir, la chapelle de la Vierge, pour les exercices du mois de Marie. Le chemin allongeait devant lui un tapis de poussière doux aux pieds, une pureté d’une blancheur éclatante.

À la Croix-Verte, comme l’abbé allait traverser la route qui mène de Plassans à la Palud, un cabriolet qui descendait la rampe, l’obligea à se garer derrière un tas de cailloux. Il coupait le carrefour, lorsqu’une voix l’appela.

— Eh ! Serge, eh ! mon garçon !